Investir dans une assurance-vie représente un engagement financier important qui peut s’étendre sur plusieurs décennies. Par contre, tous les contrats ne se valent pas sur le marché. Certains produits peuvent s’avérer particulièrement désavantageux pour les épargnants, avec des frais excessifs et des performances décevantes. Comprendre les caractéristiques des contrats à éviter permet de faire des choix plus judicieux pour la gestion de son patrimoine.
Les critères pour reconnaître une assurance vie à éviter
Identifier une mauvaise assurance-vie nécessite d’examiner plusieurs aspects essentiels du contrat. Les frais excessifs constituent le premier signal d’alerte pour tout épargnant averti. Un contrat présentant des frais sur versements supérieurs à 0% devrait immédiatement éveiller votre méfiance, d’autant plus que les meilleurs contrats du marché n’en prélèvent plus.
Les frais de gestion annuels dépassant 0,6% représentent également un critère négatif, tout comme des frais d’arbitrage excédant 0,1%. Pour illustrer l’impact considérable de ces frais, considérons un investissement de 10 000€ avec un rendement brut de 10% annuel :
- Sans frais : 67 275€ après 20 ans
- Avec 1% de frais : 55 160€ après 20 ans
- Avec 2% de frais : 45 386€ après 20 ans
- Avec 3% de frais : 37 451€ après 20 ans
L’offre limitée de supports d’investissement constitue un autre indicateur préoccupant. Un choix restreint d’unités de compte (moins de 50 supports disponibles), l’absence d’ETF (trackers) ou une sélection très limitée de SCPI/SCI témoignent généralement d’un contrat peu compétitif. De nombreux établissements privilégient leurs fonds maison au détriment de la performance, limitant ainsi les possibilités de diversification.
La transparence représente également un facteur déterminant. Les contrats opaques sur les frais réels ou rendant difficile l’accès aux performances historiques méritent d’être évités. Certains assureurs pratiquent une communication partielle ou trompeuse, avec des tableaux de valeur de rachat particulièrement complexes.
Enfin, une gestion et une accessibilité déficientes, caractérisées par l’absence d’options de gestion en ligne, des interfaces utilisateur obsolètes ou un service client peu réactif, constituent des inconvénients majeurs pour un placement à long terme.
Les pires assurances vie du marché: banques et assureurs concernés
Les établissements bancaires traditionnels figurent parmi les principaux distributeurs de contrats d’assurance vie peu avantageux. Ces institutions proposent souvent des produits caractérisés par des frais élevés et des performances médiocres, profitant de la relation de confiance établie avec leurs clients pour commercialiser ces offres peu compétitives.
Voici un tableau comparatif des frais pratiqués par certains établissements bancaires sur leurs contrats d’assurance vie :
Établissement | Contrat | Frais sur versement | Frais de gestion | Frais d’arbitrage |
---|---|---|---|---|
Société Générale | Sequoia | jusqu’à 3% | 0,96% | 0,50% |
BNP Paribas | Multiplacements 2 | jusqu’à 4,75% | 0,70% | 1% |
Crédit Agricole | Predissime 9 série 2 | jusqu’à 3% | 0,85% | 0,50% |
LCL | LCL Vie | jusqu’à 3,5% | 0,95% | jusqu’à 0,70% |
Les banques privées, malgré leur positionnement haut de gamme, ne sont pas en reste. Des établissements comme HSBC Private Bank ou Neuflize OBC proposent des contrats avec des frais significatifs, pouvant atteindre 2,75% de frais sur versement et 1% de frais de gestion annuels.
Les compagnies d’assurance traditionnelles figurent également parmi les distributeurs de contrats peu avantageux. Certaines d’entre elles prélèvent jusqu’à 4,85% de frais sur versement et près de 1% de frais de gestion annuels, avec des frais d’arbitrage pouvant dépasser 0,80%.
Concernant les performances, les fonds euros les moins performants en 2024 affichaient des rendements inférieurs à 2%, bien en-dessous de la moyenne du marché située autour de 2,5%. Des contrats comme Apicil Euroflex ou Helios Selection ont proposé des rendements de seulement 1% à 1,03%, tandis que plusieurs contrats d’UAF Life et d’Allianz affichaient des performances entre 1,40% et 2,02%.
Que faire face à une assurance vie médiocre?
Si vous avez souscrit un contrat d’assurance vie peu performant, plusieurs options s’offrent à vous. Le droit de renonciation constitue la première solution à envisager si vous venez de signer votre contrat. Cette possibilité vous est offerte pendant les 30 jours suivant la signature, permettant d’annuler votre engagement sans pénalité.
Pour les contrats plus anciens, un rachat partiel ou total peut être envisagé afin de réinvestir sur un contrat plus performant. Pourtant, cette opération doit être soigneusement évaluée en fonction de votre situation fiscale personnelle, car elle peut générer une imposition sur les plus-values réalisées.
La loi PACTE offre également la possibilité de transférer son contrat, mais uniquement vers un autre contrat du même assureur, ce qui limite considérablement l’intérêt de cette option pour les détenteurs de contrats médiocres. Faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine indépendant peut s’avérer judicieux pour analyser objectivement votre situation et déterminer la meilleure stratégie à adopter.
Prenons l’exemple concret de Jean qui a investi 30 000€ sur une assurance-vie avec 3% de frais d’entrée et 0,96% de frais de gestion. Après 10 ans, son épargne atteint seulement 39 000€, soit une performance de 30%. Avec un contrat plus performant, il aurait pu accumuler 50 000€, représentant un manque à gagner de 11 000€.
Il existe d’un autre côté des cas où conserver son ancien contrat peut être préférable :
- Si vous avez plus de 70 ans et avez effectué des versements avant cet âge, bénéficiant ainsi d’avantages successoraux spécifiques
- Si votre contrat est ancien et présente des avantages fiscaux particuliers non reproductibles
- Si les frais de rachat ou les conséquences fiscales d’un transfert seraient supérieurs aux gains espérés
Les alternatives aux contrats désavantageux
Les meilleures assurances vie se distinguent par des frais réduits et une large gamme de supports d’investissement. Idéalement, ces contrats ne prélèvent aucun frais sur versement ni frais d’arbitrage, et limitent leurs frais de gestion annuels à 0,50%-0,60%.
La qualité d’un contrat s’évalue également à travers son offre de supports d’investissement. Un contrat performant propose généralement plusieurs centaines d’unités de compte, incluant des ETF aux frais réduits et des SCPI avec 100% des loyers reversés. Le fonds en euros doit afficher un rendement supérieur à la moyenne du marché, complété par une interface en ligne intuitive et moderne.
Les contrats d’assurance vie en ligne constituent souvent une alternative intéressante aux produits traditionnels. Dépourvus de réseaux d’agences physiques, ces acteurs peuvent proposer des frais considérablement réduits tout en offrant une large gamme de supports d’investissement et des outils de gestion performants.
La gestion pilotée représente une option intéressante pour les épargnants ne souhaitant pas gérer eux-mêmes leur contrat. En revanche, il convient de rester vigilant sur les frais associés à ce service, qui devraient rester raisonnables pour ne pas éroder excessivement la performance globale du contrat.
Malgré ses défauts potentiels, l’assurance vie demeure un placement incontournable dans une stratégie patrimoniale diversifiée. Sa souplesse, son cadre fiscal avantageux et sa liquidité en font un véhicule d’investissement privilégié, à condition de sélectionner un contrat adapté à ses objectifs et dépourvu des caractéristiques négatives évoquées précédemment.